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Toxinet : le blox du tox

Marc, c’est ce qui était écrit sur ma carte d’identité du temps où j’en avais encore une, alias Marco à l’époque où j’avais encore des proches et que j’étais suffisamment aimé pour qu’on ait envie de m’affubler d’un surnom affectueux. Aujourd’hui, personne n’éprouve le besoin de m’appeler par un nom, un prénom ou un surnom. Au mieux, je suis la p’tite merde de mon dealer et j’avoue que c’est ainsi aussi que je pense à moi, quand il m’arrive de penser à moi. C’est un phénomène assez nouveau, j’ai vécu longtemps sans penser à quoi que ce soit et encore moins à moi ou à ce que je suis, on va appeler cela un instinct de survie psychologique… Sauf que récemment, deux neurones ont dû se court-circuiter et ont remis mon cerveau en route, la machine à réfléchir fonctionne à nouveau. Quand un engin pareil n’a pas servi depuis longtemps, il est grippé, il grince, il est rouillé de partout, et c’est moi qui dérouille. Je repense au passé, je regarde ce qu’il se passe autour de moi et je ne me contente pas de voir, je cogite. Journaleux de mon métier dans une autre vie, je ne peux pas garder pour moi ce que mon cerveau malade, intoxiqué et en manque de relations sociales peut accoucher. J’ai un besoin nouveau qui se fait sentir, un besoin d’écrire, un besoin de témoigner, de partager. Alors, ici, ce ne sera pas Marc, ni Marco, ce ne sera pas p'tite merde non plus, mais ce sera SDFblogger !

Tu m'évites ?

Publié le 16 Février 2016 par SDFblogger in VIE SOCIALE, VIVRE DANS LA RUE, DROGUE, DEALER, abstinence

 

 

« Tu m'évites ? »
Il fallait bien que je la revoie ! J'aurais préféré que ce ne soit pas elle qui me surprenne appuyé contre un mur en train de dégueuler mais ça m'a fait plaisir quand même.
Mon estomac qui était en train de se calmer est reparti de plus belle sur des montagnes russes quand il a entendu la douce voix de la non moins douce Laura.
Pour ceux qui auraient raté un épisode, Laura était (j'insiste sur le passé, il paraît qu'il est important d'y croire) ma dealeuse et l'objet de mon amour transi, peut-être légèrement influence par la fonction première de cette dernière (putain, comment j'écris, moi...)
C'est donc la tête en bas, l'estomac à l'envers aussi et le vomi au coin des lèvres que j'ai revu Laura.
Oui, je l'évitais et oui, je venais de me planter.
« Je me suis demandée si tu avais arrêté ou si tu étais passé à la concurrence... Ca ne m'arrange pas de perdre un bon payeur, consommateur régulier comme toi mais c'est bien. » C'est tout Laura, ça ! Je ne connais aucun dealer qui choisit ses mots comme elle et je n'aurais pas misé sur ses encouragements !
J'ai arrêté un peu les NA ces jours-ci mais leur soutien n'est rien à côté de l'effet produit par ces trois mots d'encouragement « c'est bien »...
Par contre, qui dit pas de deal, dit aussi pas de contact avec ses doux doigts. J'aurais presque fait affaire avec elle, simplement pour la toucher et pour un millier d'autres raisons aussi ! Ma chance, c'est que j'étais fauché comme les blés et que j'ai donc serré les poings et les dents.
Je n'ai pas tenté le diable et je ne me suis pas attardé.
Je suis toujours malade comme un chien mais j'ai pendant quelques secondes j'ai eu le sourire !
Moi qui me plaignais de ne plus rien ressentir, j'ai une tête de citrouille qui se vide par le nez, les tympans qui hurlent leur douleur à mes oreilles, la gorge en feu, les bronches pleines d'une matière qui fait barrage à l'air, l'estomac à l'envers, les boyaux qui se tordent et se détordent à l'envie, le corps parcouru de frissons et une formidable envie de pleurer sur mon sort d'alouette... MAIS... je suis toujours abstinent ! Vu l'état de mes fringues, entre ce qui sort de mon nez, de ma bouche ou de mon cul, j'aurais du mal à dire « clean » mais je n'ai toujours pas pris de came et pour la première fois, j'en ai été un peu fier ! Dommage que ça ait été devant ma dealeuse...

 

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