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Toxinet : le blox du tox

Marc, c’est ce qui était écrit sur ma carte d’identité du temps où j’en avais encore une, alias Marco à l’époque où j’avais encore des proches et que j’étais suffisamment aimé pour qu’on ait envie de m’affubler d’un surnom affectueux. Aujourd’hui, personne n’éprouve le besoin de m’appeler par un nom, un prénom ou un surnom. Au mieux, je suis la p’tite merde de mon dealer et j’avoue que c’est ainsi aussi que je pense à moi, quand il m’arrive de penser à moi. C’est un phénomène assez nouveau, j’ai vécu longtemps sans penser à quoi que ce soit et encore moins à moi ou à ce que je suis, on va appeler cela un instinct de survie psychologique… Sauf que récemment, deux neurones ont dû se court-circuiter et ont remis mon cerveau en route, la machine à réfléchir fonctionne à nouveau. Quand un engin pareil n’a pas servi depuis longtemps, il est grippé, il grince, il est rouillé de partout, et c’est moi qui dérouille. Je repense au passé, je regarde ce qu’il se passe autour de moi et je ne me contente pas de voir, je cogite. Journaleux de mon métier dans une autre vie, je ne peux pas garder pour moi ce que mon cerveau malade, intoxiqué et en manque de relations sociales peut accoucher. J’ai un besoin nouveau qui se fait sentir, un besoin d’écrire, un besoin de témoigner, de partager. Alors, ici, ce ne sera pas Marc, ni Marco, ce ne sera pas p'tite merde non plus, mais ce sera SDFblogger !

Le savant bricoleur !

Publié le 19 Mai 2016 par SDFblogger

Je vous en ai parlé la dernière fois, j’ai découvert un carburant alternatif, un moyen de décoller de ma petite vie de merde les jours maigres. J’aime les expériences, les études, noter, comparer et partager mes résultats…
Le hasard a fait que la violence a croisé mon chemin un jour de dèche et la douleur m’a sauvé des terribles griffes du manque pour le laisser me bercer avec une simple nostalgie amère.
J’ai voulu retenté l’expérience en solitaire.
Mes ongles cassés sont suffisamment acérées pour s’enfoncer dans ma peau crasseuse. Ça pique et ça brûle, la couleur m’aveugle, le flot m’emporte loin, je navigue sur des rivières carmin. Je vis, je vois, je voyage, j’existe. Un trip bien court et bien léger mais un trip quand même…
Il me manque tout de même le flash, le rush… J’y ai réfléchi et j’ai repris mes expérimentations.
Un bras, deux poteaux, les principes fondamentaux de la statique, un mouvement sec et assumé et nous y voilà, miracle, grande flash blanc, voile noir, sifflement strident, le cerveau se bloque, les pensées n’existent plus, la conscience s’éteint, le corps ne pèse plus rien.
C’est gratuit, la descente est rude, les effets secondaires persistants mais j’ai gagné, ça marche, je me suis défoncé pour pas un rond !
Gros problème que je n’avais pas anticipé : après quelques expériences de ce genre, le retour au produit initial s’impose et les doses suivent alors une courbe exponentielle… Double problème les suites de mes expériences me lestent d’un lourd handicap dans le financement d’un produit dont le besoin a été décuplé…
L’air féroce, je suis tombé sur un os, il y a quelque chose qui cloche là-dedans, j’y retourne immédiatement.
Le chercheur paie de sa personne et les résultats ne sont pas à la hauteur, effet cabossé garanti !

Si le résultat sur ma consommation de came et mes besoins en argent se sont retrouvés être à l’exact opposé de l’effet recherché, il y a quand même eu du positif dans l’expérience ! Ca a en effet annihilé le peu d’amour propre et de fierté qu’il pouvait me rester.
Devant mon nouveau problème vital, à savoir trouver quelqu’un qui serait intéressé pour baiser un abruti incapable de prendre appui sur ses bras, de rester conscient pendant l’acte et de ne pas dégueuler quand les choses deviennent un peu énergiques, j’ai changé d’objectif.
Je me suis orienté vers le commerce de la pitié mais si le côté grisâtre et l’œil humide peuvent inspirer un peu de pitié, l’aspect crasseux et sanguinolent génère un taux de dégoût bien supérieur… Nouveau problème !
Nouveau problème, nouvelle solution… Pour trouver quelqu’un qui arrive à voir derrière la crasse, les membres aux angles douteux et à passer par-dessus les évanouissements intempestifs, il faut quelqu’un qui sache à quoi je ressemble quand je tiens debout et que je suis à peu près propre.
Je fais la sortie des bureaux et je l’attends, il m’ignore, j’y vais au culot « Emmanuel, une heure 100€ ! » et puis je finis par m’assoir sur mon culot et je supplie presque, « s’il te plaît ? »…
Si je me suis fourvoyé dans mes expérimentations, lui, a muri ses réflexions et il va tenter une nouvelle approche, la douche froide, le choc thermique, la baffe sur la tempe, l’humiliation verbale. Ses larmes coulent mais il ne se démonte pas.
Est-ce que je me suis vu ? Est-ce que c’est comme ça que je veux vivre ? Est-ce que je vais me réveiller avant qu’il ne soit trop tard ? Est-ce que je ne suis rien d’autre que ça ?
C’est avec ces questions et un billet de 20€ que je me suis réveillé sur un lit couvert de vomi. Un papier froissé : « tu connais mes conditions, tu prends un taxi et la porte est grande ouverte mais je ne te sauverai pas de toi-même, c’est à toi de faire la démarche, je t’attends quand tu te sens prêt. »
J’ai grillé les 20€ en quelques minutes pour que dalle et je me suis niqué deux doigts de plus pour pas grand-chose non plus. Quel est le con qui ne nous a donné que deux bras ? C’était ce soir et j’ai l’impression que c’était il y a des mois…

 

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